Le capital organisationnel et sa valorisation

Nous avons défini le Capital organisationnel comme étant « la capacité à transformer les ressources primaires d’une organisation, à savoir les ressources financières et humaines, en buts et objectifs atteints. Autrement dit, le Capital organisationnel est la capacité de l’organisation à maîtriser et transformer son Système organisationnel pour atteindre ses buts et objectifs. ».

A la lumière des paragraphes qui précèdent nous comprenons que ce Capital organisationnel est constitué de l’ensemble des capacités organisationnelles de l’entreprise, à savoir :

  • DĂ©livrer une offre de produits ou services rĂ©pondant aux besoins de ses clients et, de plus en plus, aux attentes de ses autres parties prenantes.
  • Innover afin d’adapter son offre de produits ou services aux Ă©volutions des attentes de ses clients.
  • Se transformer afin dâ€™Ăªtre capable de dĂ©livrer ses nouvelles offres de produits ou services et de s’adapter aux Ă©volutions de son environnement et des attentes de ses partie prenantes.

La valeur de ce Capital organisationnel est proportionnelle au niveau de performance organisationnelle qu’il est ou sera capable de délivrer. Ainsi, le Capital organisationnel de l’entreprise sera :

  • fortement valorisĂ© si les buts et objectifs atteints sont considĂ©rĂ©s comme Ă©levĂ©s ;
  • faiblement valorisĂ© si ces derniers sont regardĂ©s comme d’intĂ©rĂªt relativement faibles ;
  • dĂ©valorisĂ© si l’entreprise n’atteint pas ses buts et objectifs.

Comment en quantifier la valeur ? Au-delà de l’aspect théorique de la question, l’organisateur y est confronté de façon tout à fait pratique lorsqu’il propose des actions visant à renforcer le capital et la performance organisationnelle. Par exemple, les investissements en développement des compétences comportementales (soft skills) et en développement d’esprit d’équipe (team building) sont comptabilisés comme des charges. Ils dégradent la performance financière alors que l’augmentation du Capital organisationnel qui en résulte, ou devrait en résulter, ne se retrouve nulle part dans les comptes.

Ce point de tension risque de fortement s’accentuer compte tenu du :

  • poids croissant des Ă©lĂ©ments immatĂ©riels et dynamiques tant au niveau des Buts & Objectifs qui intègrent de plus en plus des considĂ©rations extrafinancières qu’au niveau des capacitĂ©s organisationnelles ;
  • renforcement des impĂ©ratifs de rentabilitĂ© financière tels qu’ils sont apprĂ©hendĂ©s par la classique finance d’entreprise et de l’injonction Ă  ne pouvoir engager des ressources financières dont un retour sur capitaux investis ne puisse Ăªtre calculĂ©.

Afin de pouvoir dĂ©montrer l’intĂ©rĂªt financier d’investir dans des actions de dĂ©veloppement du Capital organisationnel, nous pouvons nous tourner vers les travaux menĂ©s sur les mĂ©thodes de valorisation des actifs immatĂ©riels. L’Afope a ainsi apportĂ© sa contribution sur une proposition de valorisation du Capital organisationnel[1].

Toutefois ces travaux, malgrĂ© leur grand intĂ©rĂªt, restent pour le moment affaire de spĂ©cialistes, et n’influent pas encore sur les pratiques courantes des entreprises. De plus, la plupart de ces travaux reposent sur une dĂ©composition analytique de diffĂ©rentes composantes immatĂ©rielles (rĂ©putation et image de marque, fonds de commerce, capital humain, etc.), et recherche comment valoriser chacune d’entre elles. N’oublions jamais nos principes de systĂ©mique : la valeur de l’ensemble ne sera pas la somme de la valeur de chacune des composantes !

Dans l’attente d’avancées en ce domaine, les organisateurs doivent défendre leurs recommandations d’investissement en développement du Capital organisationnel sans réels outils de valorisation financière.

Nous sommes convaincus que l’utilisation par les organisateurs de l’approche proposée dans ce Manifeste et qui s’appuie sur :

  • le concept de Capital organisationnel ;
  • les composantes du Système organisationnel et les principes d’approche systĂ©mique qui lui sont associĂ©s ;
  • l’outil que constitue la Matrice de performance organisationnelle.

est dĂ©jĂ  un vĂ©ritable levier pour amĂ©liorer la performance organisationnelle. L’obtention des premières amĂ©liorations concrètes permet d’obtenir l’écoute attentive des dĂ©cideurs, de dĂ©velopper leur comprĂ©hension de ce cadre mĂ©thodologique et l’intĂ©rĂªt qu’ils peuvent y trouver pour les aider Ă  piloter leur organisation autrement qu’avec les approches tant organisationnelles que financières traditionnelles. Ces dernières se rĂ©vèlent dĂ©passĂ©es en regard des injonctions multiples et contradictoires auxquelles ils sont confrontĂ©s, et ne leur apportent pas, in fine, la performance organisationnelle souhaitĂ©e.

Nous sommes conscients que cette approche a besoin de gagner en maturitĂ©, dâ€™Ăªtre plus outillĂ©e, amĂ©liorĂ©e. Mais n’oublions pas que cela a Ă©tĂ© le cas de toutes les approches organisationnelles : elles sont nĂ©es d’une limite des approches existantes, elles ont grandi par l’expĂ©rimentation, le partage des pratiques puis elles ont trouvĂ© leur place au bon endroit dans la boĂ®te Ă  outils de l’organisateur pour Ăªtre utilisĂ©es de la bonne façon, au bon endroit, au bon moment (cf. les compĂ©tences de l’organisateur).

@Afope

[1]. Lire : Bounfour Ahmed, Le Capital organisationnel, principes, enjeux, valeur, Springer-Verlag France, 2011, ainsi que le rapport Le Capital organisationnel des entreprises, disponible sur le site de l’Afope.